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10 septembre 2015

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9 septembre 2015

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Petite histoire illustrée de la carte postale

 

Vous trouverez ici l’ébauche d’une histoire de la carte postale, de ses techniques de fabrication et des méthodes de datation. Cette première version est succincte et s’enrichira progressivement, notamment de reproductions à titre d’exemples.

Histoire

Les origines

On s’accorde à penser que les gens aisés communiquaient depuis le XVII° siècle avec des cartons portés par leurs domestiques. La tradition s’est prolongée au XIX°, quand une simple carte valait invitation en ville, ou remerciement -obligatoire- pour une invitation passée. C’est probablement l’origine du terme carte de visite. Il est cependant apparu le besoin de communiquer des informations plus personnelles ou plus complètes. C’est en 1869 en Autriche qu’on note la première codification de ce mode d’échange par Hermann. La carte postale est alors « un rectangle de papier résistant dont le recto est imprimé d’un texte administratif et de la reproduction d’un timbre - le verso est réservé à la correspondance qui circulera au grand jour. » Mais ceci tranche avec le séculaire secret de la correspondance et le concept de carte postale ne séduira pas immédiatement le reste de l’Europe. L’année suivante, la guerre motive l’allègement des correspondances et l’examen facile par la censure ; on autorise l’échange de simples cartons au fameux format 10x15cm. Un libraire de la Sarthe, Léon Besnardeau, aurait proposé aux soldats de l’armée de Bretagne, bénéficiant de la franchise postale, des cartes réalisées à partir de couvertures de cahiers découpées. Le 20 Décembre 1872 la loi officialise la carte postale française non illustrée. En 1878, l’Union Postale Universelle fixe le format 9x14cm. L’exposition universelle de 1889 à Paris, avec ses foules de visiteurs, voit le premier grand tirage : une carte de la Tour Eiffel, gravée par Léon Charles LIBONIS, est émise à 300.000 exemplaires. Peu après, en 1891, la première carte postale photographique est tirée à Marseille par Dominique PIAZZA. L’idée se répand et les coûts baissent rapidement.

L’âge l’or

Revenue à Paris en 1900, l’Exposition universelle marque l’explosion de l’usage de la carte postale. La production passe de 100 millions en 1910 à 800 millions en 1914, voire à plusieurs milliards selon certaines sources.

Belle carte coloriée
Belle carte coloriée "précurseur" de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris (coll. part.)

L’examen des correspondance montre une grande proportion de simples salutations ou une « poignée de main » (à cause d’un tarif réduit pour 5 mots), de souvenirs d’excursion dominicale en banlieue et de « bonnes nouvelles » données après un voyage en train.

La crue de la Seine à l’hiver 1910 montre à l’extrême le rôle journalistique quasi quotidien tenu par la carte postale. Accidents de train ou d’autobus, manifestation, grèves, visite de chef d’état, obsèques officielles, essais d’aéroplanes ou d’aérostats font bonne figure face aux scènes de rue, aux panoramas, aux monuments ou aux commerçants posant devant leur boutique. On se donne alors rendez-vous pour le lendemain par carte postale ! Les populations voyageaient plus qu’on ne l’imagine et toute l’Europe figure sur les cartes - Allemagne, Autriche, Suisse, Italie, Angleterre. Les vœux s’adressent maintenant par carte mais ces petits cartons portent aussi la marque de l’humour, de la fantaisie voire de la caricature, du pamphlet politique ou de la grivoiserie. Ces derniers aspects valent parfois des ennuis aux éditeurs.

Le Pont de l’Alma le 27 janvier 1910. (coll. part.)
Le Pont de l’Alma le 27 janvier 1910. (coll. part.)

La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Ici au Pont Neuf. Dans l’axe, les magasins de la Samaritaine en construction. Le nom vient de celui de la fontaine qui pompait l’eau de la Seine à l’extrémité du pont. (coll. part.)
La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Ici au Pont Neuf. Dans l’axe, les magasins de la Samaritaine en construction. Le nom vient de celui de la fontaine qui pompait l’eau de la Seine à l’extrémité du pont. (coll. part.)

La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Autre vue du Pont Neuf. Dans l’axe les magasins de la Samaritaine en construction. (coll. part.)
La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Autre vue du Pont Neuf. Dans l’axe les magasins de la Samaritaine en construction. (coll. part.)

En amont, au pont de Sully, la Seine à son maximum. Des soldats tentent de dégager des arbres qui gènent le passage des flots dans l’arche qui surplombe le quai Saint Bernard. (coll. part.)
En amont, au pont de Sully, la Seine à son maximum. Des soldats tentent de dégager des arbres qui gènent le passage des flots dans l’arche qui surplombe le quai Saint Bernard. (coll. part.)

Outre le record de fin janvier 1910, cette carte nous apprend que Paris a subi bien des crues exceptionnelles (coll. part.)
Outre le record de fin janvier 1910, cette carte nous apprend que Paris a subi bien des crues exceptionnelles (coll. part.)

Une image célèbre, la locomotive ayant traversé la gare de Montparnasse pour finir sur la place de Rennes. (coll. part.)
Une image célèbre, la locomotive ayant traversé la gare de Montparnasse pour finir sur la place de Rennes. (coll. part.)

La première guerre mondiale donne un nouvel élan à l’échange de cartes postales alors que des millions d’hommes sont éloignés de leurs familles. Malgré la censure, c’est le seul lien qui permet au soldat de recevoir des nouvelles des siens et de prouver qu’il encore en vie, souvent au jour, le jour avec un pauvre crayon de bois. Les illustrations sont convenues ou de claires propagandes mais l’essentiel est dans la correspondance. Les cartes postées à Viroflay, avec ses nombreux cantonnements et centres de convalescence, ne sont pas soumises à la même censure qu’au front, et donnent beaucoup de détails sur la vie quotidienne et le moral. A la différence de nous, qui connaissons la date de fin de la guerre, les éditeurs ne pouvaient la prédire. Aussi vit-on une évolution des légendes : Campagne de 1914, Guerre de 1914, Guerre internationale, Guerre de 1914-1915, Grande Guerre 1914-1917, Guerre 1914-1918.

La Grande Guerre 1914 (coll. part.)
La Grande Guerre 1914 (coll. part.)

La Grande Guerre 1914-15. (coll. part.)
La Grande Guerre 1914-15. (coll. part.)

La Grande Guerre 1914-17 (coll. part.)
La Grande Guerre 1914-17 (coll. part.)

Le déclin

Comme pour tourner la page après ces années terribles, la population semble se détourner des cartes postales dans les années 20. Le rapprochement des familles, la concurrence croissante du téléphone et du télégraphe, l’usage de la photographie dans la presse, le développement de l’automobile, tout contribue à rendre vieillot ce mode d’échange. Le déclin est particulièrement sensible après les années 30 et leurs cartes sépia qui sont d’ailleurs souvent de moindre qualité que les devancières. La crise économique puis la seconde guerre mondiale ont achevé cette descente sur toute l’Europe. Sous l’Occupation, les cartes sont souvent des retirages de cartes anciennes ; il est obligatoire de mentionner l’adresse complète de l’expéditeur dans un cartouche.

L’usage de la photo en noir et blanc vers 1955 puis l’apparition de la couleur pendant les années 60 n’arriveront pas à relancer durablement l’usage de la carte postale. L’habitude est perdue.

Le renouveau

A partir de 1975, la carte postale ancienne est appréciée car elle est le témoin d’une époque révolue. Vieux métiers, sites, immeubles, les cartes postales passionnent les citadins qui ont presque tous des racines dans des petits villages. Clubs et marchands s’organisent pour recueillir et recenser ces cartes qui dorment dans des boîtes à chaussure, à la cave ou au grenier. En parallèle, une carte postale touristique limitée se maintient, cantonnée aux monuments principaux. Un effort aussi est fait par des artistes, illustrateurs graphiques, photographes, etc. qui composent sur des thèmes très variés.

Un nouveau déclin. Quel avenir ?

Alors que les stocks de cartes inexploités se raréfient dans les caves et les greniers, l’électronique envahit nos vies. Nous sommes, dit-on, dans la société de l’information, mais ne serions-nous pas plutôt dans celle de l’immédiateté ? Téléphone, fax, courrier électronique, films vidéo, permettent des échanges qui sont certes plaisants mais souvent insignifiants, parcellaires. Certes on est prêt à écrire - à pianoter en fait - et c’est bien, mais utiliser la carte postale prend du temps, à acheter, à écrire, à poster, à acheminer. C’est trop ...

Quelle trace restera-t-il des ces tranches de vie après quelques années, probablement rien : mémoires effacées, pannes dévastatrices, virus paralysants, systèmes incompatibles ou obsolètes ? Il faut savoir que le CD ou le DVD sont des supports fragiles dont la durée de vie est courte (quelques années) et qu’une seule erreur peut empêcher la récupération d’une image. On peut toujours imaginer des moyens de rafraichissement des fonds documentaires électronique, mais qui le fera chez lui assez souvent, qui provisionnera le coût du maintien d’une base de données ? Il est à craindre que les historiens du futur soient bien en peine de documents de la valeur de nos chères cartes postales.

Techniques

Le support

On a vu que le support en carton, ou en papier fort, a été le choix des pionniers. Au long du temps, ce carton a changé d’aspect principalement selon les techniques d’imprimerie ou de photographie. Souvent il s’agit d’un sandwich de feuilles très minces entre collées, le papier fin ou glacé étant réservé au support imagé. Signalons aussi les cartes imprimées sur calque, brodées sur une gaze, en carton métallisé, en aluminium ou en cuivre repoussé.

La phototypie

La photographie sur plaque ayant atteint sa maturité vers 1900, les éditeurs pouvaient envoyer des opérateurs dans le moindre village. Ces négatifs servaient ensuite à fabriquer des phototypes en gélatine aptes à retenir sélectivement l’encre et à réaliser des impressions de très haute qualité, sans tramage. La simili-gravure, donnant une image tramée, est certes séduisante dans l’aspect général mais les détails sont mal rendus et ne permettent pas une utilisation des agrandissements.

La photographie

Les années 50 ont vu la sortie de tirages photographiques noir et blanc, petit et grand format, très souvent à bords dentelés. Avec le temps ces tirages ont tendance à bomber.

La couleur

La carte postale ancienne est en noir et blanc. Les cartes anciennes en couleur sont des cartes coloriées par l’éditeur pendant l’élaboration. La carte noir et blanc peut être transformée en monochrome, c’est-à-dire que la photo noir et blanc est développée en sépia, en bleu ou en vert. Il faudra attendre les années 60 pour voir sortir des tirages en couleur en quadrichromie, comme dans la presse.

La carte-photo

Lorsqu’un grand tirage n’est pas envisagé, par exemple une scène familiale, un groupe de conscrits, un militaire posant, un fait-divers, la carte ancienne peut être une photo véritable dont le tirage est contre-collé sur un dos de carte. C’est la carte photo. Ces cartes-photos, par essence rares, sont très recherchées des collectionneurs. Cependant les grains d’argent ont tendance à grossir en surface et les tons noirs deviennent irisé et blanchâtres.

Datation

Le support

Ainsi qu’on l’a vu, le type de support peut renseigner sur la date de fabrication, par exemple les dos verts, le carton crème, le carton à bord dentelé.
-  de 1870 à 1889, les précurseurs sont des cartes non illustrées
-  les premières et rares cartes illustrées datent de 1889
-  de 1897 à 1903, les cartes pionnières ont un dos à trois lignes réservé à l’adresse, la correspondance doit se faire du coté de la photo.
-  de 1904 à 1908, la correspondance est progressivement autorisée au dos de la carte.
-  Avant 1910, les éditeurs utilisent du papier de chiffon bien blanc.
-  Après 1910, et surtout 1914, les éditeurs utilisent du papiers au bois, granuleux et le dos est vert.

Le timbre et le cachet

L’évolution du tarif d’affranchissement permet de remonter à la période de circulation d’une carte, car parfois le cachet manque ou est illisible. Attention cependant car certaines personnes peu scrupuleuses collent un timbre sans rapport sur une carte, par exemple pour cacher un défaut. Il faut vérifier que l’empreinte postale qui marque le timbre se poursuit en continuité sur la carte. Le cachet lui-même est important car il a quasiment valeur de preuve. Il indique le bureau postal, le département, la date et l’heure de levée. L’administration des Postes, par égard pur ses clients, apposait aussi un cachet à l’arrivée, sur le même principe mais avec un cercle tireté. On peut s’étonner aujourd’hui de la rapidité mise à rejoindre des bourgades lointaines en moins d’une journée.

année tarif normal 5 mots sans correspondance
1898 10 cts
1899 10 cts 5 cts
1909 10 cts 5 cts
1917 15 cts 10 cts 5 cts
1920 20 cts 15 cts 5 cts

Vignettes : Mouchon : allégorie Droits de l’homme, entre 1900 et 1901 Blanc : entre 1900 et 1924 Semeuse lignée : entre 1903 et 1939 Semeuse camée : de 1906 à 1939

La règle des 5 mots maximum pour avoir le demi-tarif a stimulé les imaginations. Un langage des timbres est né qui utilise les placement du timbre pour ajouter un message, parfois coquin d’ailleurs.

La correspondance

C’est le B-A-BA de l’étude d’une carte que de déchiffrer la correspondance. Elle est souvent datée du jour et du mois, parfois avec l’heure, mais l’année manque souvent car elle est évidente pour le destinataire. Notons que les mois de la fin de l’année, en -bre sont couramment notés par souci de rapidité en phonétique (7bre, 8bre) ou bien en abrégé (IXbre, Xbre, XIbre et XIIbre).

Nos sources

Ministère de la culture

Guides NEUDIN

ZEYONS Serge : Les cartes postales, Hachette, 1979 et extraits

Le Cartopole de Baud.

Article spécialisé du CFCCP.

Musée de la carte Postale d’Antibes.


Mise à jour janvier 2020