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19 février 2016

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19 février 2008

De nombreux sites cartophiles ont été rassemblés pour vous dans la rubrique Liens, article Sur la Toile. Ne manquez pas d’y aller pour des visites virtuelles variées.

Photos anciennes de Viroflay

24 août 2005

En rédigeant l’article Des cartes sur la Toile, j’ai découvert une série de photos de Viroflay datant de 1905. Elles représentent la Villa bon repos et un étang (donc pas sur le territoire de la commune). Une recherche sur Chaville donne trois photos d’un étang. Ces photos proviennent de la base de données Mémoire mise à disposition par le ministère de la culture.

Les charbonniers

Petit historique du 25 rue Costes et Bellonte, siège du CGVY à Viroflay
 

Bois et Charbons

Actuellement, on trouve là un bel immeuble en petite meulière flanqué d’une grande surface goudronnée dédiée au parking « de dissuasion » de la gare rive gauche et de l’église Notre-Dame du Chêne. Pendant les travaux de construction de la station de tramway T6 (de 2010 à 2016) il fut voisin d’une station des bus versaillais Phébus, au gré des renversements du sens unique dans la rue.

1 La rue Costes et Bellonte et le 25

1.1 Origines de la rue

Cette voie est à l’origine l’avenue des Postes, dessinée au sein du lotissement Dada (1908-1909), vaste terrain à cheval sur Le Plateau et La Bourgogne, limité par les rues Dailly et Rieussec et la Route Nationale.

1.2 Les aviateurs honorés Maurice Bellonte, mécanicien de Dieudonné Costes, pilote, a habité rue Carnot et avenue Gaston Boissier, à proximité de l’aérodrome de Villacoublay et des usines d’aviation proches. Trois ans et 3 mois après l’exploit du jeune aviateur américain Charles Lindbergh, en solitaire et sans escale dans le sens ouest-est, ces aviateurs français tentent la traversée de l’atlantique dans le sens contraire aux vents (1er et 2 septembre 1930). Dès l’exploit connu, les édiles de Viroflay se sont rendus chez madame Bellonte, avenue Gaston Boissier, et le 28 0ctobre 1930, le conseil municipal décide que l’avenue des Postes sera appelée désormais rue Costes et Bellonte. Cette décision municipale tranche avec l’usage qui veut qu’on ne donne à une voie que le nom d’une personne décédée depuis au moins un an (voire quatre ans selon la loi actuelle). Cette prudence n’était pas de mise à Viroflay qui avait baptisé en juillet 1926 la rue des Ecoles et la rue Alexandre Dada du nom du Dr Roux, collaborateur de Pasteur et directeur de l’Institut Pasteur de Paris, décédé en 1933.

1.3 Le bâtiment

Le bâtiment du 25-27 est à l’origine proche de l’ancienne poste (P.T.T.) de la rue Rieussec. Il ne déroge pas aux constructions du début du XXe siècle : façades droites avec ouvertures nombreuses bordées de briques, angles de pierre, petite meulière de remplissage des panneaux, toits pentus couverts de tuiles. Il est mitoyen d’un immeuble de rapport, plus imposant, derrière lequel on trouve le temple de l’église réformée.

Cette maison et ce terrain sont connus pour avoir abrité l’entreprise Tournebise, du secteur économique « Bois et Charbons ». Il est intéressant de remonter cette histoire.

2 Etymologies

Selon Geneanet, Tournebize est un nom porté dans le Puy-de-Dôme et la Loire (variante : Tournebise). Il désigne celui qui est originaire d’une localité portant ce nom (= lieu où le vent tourbillonne ou fait demi-tour). Deux hameaux s’appellent Tournebize à Job et à Aubusson-d’Auvergne, un autre Tournebise à Saint-Pierre-le-Chastel, ces trois communes se trouvant dans le Puy-de-Dôme.

Occurrence cumulée du nom Tournebize entre 1800 et 2021. Un pic dans les localités mentionnées plus haut tend à s’atténuer au profit de la région parisienne, témoignage de l’exode rural (Geneanet) Ces informations sont cohérentes avec la tradition qui veut que, à Paris, les commerces « bois et charbons » soient tenus par des Auvergnats (ou bougnats) ou des Aveyronnais. Après avoir été porteurs d’eau au XVIIe, le siècle suivant voit les Auvergnats de Paris exercer des professions en lien avec l’artisanat du métal et de la récupération tel que rémouleurs, étameurs, chaudronniers. À partir du XIXe siècle, ils vont s’orienter dans le commerce du bois, du charbon (livré à domicile), des boissons (vin, spiritueux, limonade), dans l’hôtellerie et parfois parallèlement dans le commerce de la ferraille. Cette reconversion se fit sous le Second Empire, quand le réseau d’alimentation en eau de la capitale commença à desservir les étages des immeubles. (source Wikipédia article sur les ‘bougnats’)

3 Les entreprises « BOIS-CHARBONS » à Paris ouest.

Il va sans dire que, avant l’arrivée du gaz et du fioul dans les années 60, le chauffage des appartements - quand il se faisait - utilisait le bois dans des cheminées et des poêles à feu continu, ou bien le charbon dans des chaudières. Les cuisinières utilisaient les mêmes combustibles. Les établissements fournisseurs de bois et de charbon au détail avaient a priori besoin d’une grande surface au sol car ils comprenaient des bureaux, un garage à camions et une aire de stockage pour les charbons et les bûches de diverses qualités. A Paris, la proximité des quais de Seine était cruciale. Les surfaces de stockage et de manutention des charbonniers étaient appelés « chantiers ». On retrouvera ce mot sur certaines cartes postales.

Vue générale du chantier de Grenelle.
Vue générale du chantier de Grenelle.

zoom sur la carte précédente

Sté des Charbonniers réunis, Paris 15 (polygone limité par Bd de Grenelle, rue St Charles, rue du Dr Finlay), près du métro aérien qu’on devine à droite. On notera la manutention nécessaire pour la mise en sacs, les énormes charrettes (typiquement 40 sacs visibles sur l’une, soit 2 tonnes) et l’emprise mentionnée d’un ½ ha..

Il faut admirer la régularité des empilements. Et le lancer de bûche à plus de 3 m de haut :

Un ouvrier mesure avec une règle à stérer (1 stère = 1 m3) :

Autre vue des scieurs de bûches.
Autre vue des scieurs de bûches.

Est-ce pour la photo ou les ouvriers travaillaient bien en manches de chemise ? Pour le bois encore, mais pour le charbon...

Sciage des bûches.
Sciage des bûches.

Un dos commun à ces cartes permettait la correspondance de la Société des Charbonniers pour le suivi des livraisons :

Au verso de la carte, correspondance pour les livraisons
Au verso de la carte, correspondance pour les livraisons

4 Recherche des entreprises « BOIS-CHARBONS » à Viroflay

La proximité de gares avec zone de marchandises (comme Chaville-Vélizy) ou de grandes voies (Route Nationale 10) était souvent la règle pour faciliter le transport à partir des grands dépôts, par exemple à Paris. Les entreprises locales assuraient alors le stockage et les livraisons. Cette activité a fleuri jusqu’aux années soixante. Ensuite, les emplacements de ces chantiers ont été construits (comme rue Arthur Petit) ou utilisés en commodité municipale avec parking (comme rue Costes et Bellonte) ou encore ont subsisté tard ((comme Cabiron récemment, avec l’immeuble Grand Angle rue de la Côte).

Scène de rue à la Grâce de Dieu avec deux carrioles de livraison + détails à suivre

Le coup d’œil du charbonnier

4.1 Annuaire du Syndicat d’Initiative 1932

Ce guide ne comporte pas de liste des commerces et des entreprises, ni annuaire téléphonique. Seuls deux gros établissements ont inséré des placards publicitaires : Cabiron à Viroflay et Pouplier à Chaville. Curieusement la maison Cabiron, 3 rue de la Côte, propose simultanément un CAFÉ RESTAURANT et un CHANTIER DE CHARBON. On verra le café restaurant rue de la Côte jusqu’à la démolition.

Notes : Gaillette = Gros morceau de charbon (80 à 250mm). Gailleterie = morceau de houille calibré, de grosseur moyenne, servant à alimenter le feu. Gailletin = houille calibrée en morceaux de 50 à 80 mm ; morceau de houille calibré, de grosseur moyenne, servant à alimenter le feu. Au-dessous de la gailleterie, on a dans la vente des houilles le gailletin, puis successivement les noisettes, les têtes de moineaux, les fines grenues, et enfin les fines poussières

4.2 Annuaire du Syndicat d’Initiative 1933

Version beaucoup plus complète du précédent, il propose une liste de « professions, commerces et entreprises ». On y relève une liste des marchands de charbon. Selon la tradition des guides, cette liste n’est pas exhaustive car les commerces payaient pour les insertions. A cette date il y avait 10 fournisseurs (on notera que Pouplier, de Chaville Grande Rue, a ouvert un chantier aux Arcades) :

CHARBONS (MARCHANDS DE) adresse tél.
Cabiron Hilarion 3, rue de la Côte 721
COMBES Gaston 53, route Nationale 811
CONQUET Edouard 13, rue Arthur-Petit 740
FOUCRAS 7, boulevard des Trois-Gares 231
LESIEUR (Mme) 97, route Nationale -
Masson A. 64, avenue Gaston Boissier 059
Nicolas Emile 156, route Nationale 682
POULAIN Marcel 11, rue Arthur-Petit 742
POUPLIER 2, rue de la Saussaie 124
TOURNEBISE 49, rue des Fleurs 651

4.3 Annuaire du Syndicat d’Initiative 1936

Abel Tournebise était encore 49 rue des Fleurs...

A cette date il y avait 10 fournisseurs :

Abolier 2 rue de la Saussaie
Cabiron 3 rue de la Côte
Carpentier 64 av Gaston Boissier
Combes 53 route Nationale
Conquet 13 rue Arthur Petit
Fougras (Foucras) 7 Bd des 3 gares (Libération)
Lesieur 97 route Nationale
Nicolas 156 route Nationale
Poulain 11 rue Arthur Petit
Tournebise 49 rue des Fleurs

4.4 Annuaire du Syndicat d’Initiative 1939

Abel Tournebise est arrivé rue Costes et Bellonte. Encart publicitaire et mentions dans la liste des commerces et l’annuaire téléphonique :

Bois et Charbons Spécialité d’anthracite anglais et belge - Gros et détail Abel Tournebise téléphone 651 à Chaville

Note : J’ai souvenir que, vers 1960, mon père achetait à cette entreprise du « charbon du Donetz », un anthracite brillant, plus cher, mais « garanti sans fumée » et un peu de boulets pour l’allumage.Il venait du Donbass (bassin (minier) du Don, en Ukraine de l’est. Nous sommes passés au gaz naturel (dit de Lacq) vers 1968.

A cette date il y avait 10 fournisseurs :

Abolier 5 rue de la Saussaie
Alazard 13 rue Arthur Petit
Cabiron 3 rue de la Côte
Carpentier 64 av Gaston Boissier
Combes 53 route Nationale
Fougras (Foucras) 7 Bd des 3 gares (Libération)
Lesieur 97 route Nationale
Nicolas 156 route Nationale
Septfons 11 rue Arthur Petit
Tournebise 21 rue Costes et Bellonte

4.5 Indicateur plan guide 1958

A cette date il y avait 9 fournisseurs :

Abolier 5 rue Gabriel Péri
Alazard 13 rue Arthur Petit
Benezet 64 av Gaston Boissier
Briand 16 rue de Jouy
Cabiron 23 av du Gal Leclerc
Combes 53 av du Gal Leclerc
Foucras 7 Bd de la Libération)
Nicolas 156 route Nationale
Tournebise 21 rue Costes et Bellonte

4.6 Revue municipale d’information 1er trim. 1973

Il n’y a pas d’annuaire des commerces mais des encarts publicitaires donnent un seul "charbonnier", Tournebise S.A., 27-29 rue Costes et Bellonte, qui a beaucoup évolué car il ne mentionne plus le charbon mais cite le fuel domestique, le butane-propane, et propose l’installation de chauffage, la plomberie et le sanitaire ainsi que la couverture et le ramonage.

On note aussi au rayon "combustibles" DUVAL et Cie (à Versailles) dont les camions-citernes sillonnaient Viroflay.


mise à jour 22 Septembre 2021